On a tendance à se fixer des objectifs, à ne se préoccuper que du résultat, d’obtenir ce que l’on veut… Mais si le bonheur était dans le chemin?
Prévoir l’imprévisible
La naissance, comme tant d’autres choses dans notre vie, nous pouvons la prévoir, la préparer, la rêver, espérer qu’elle se passe selon nos souhaits, mais quelle que soit la préparation ou l’énergie que l’on met à ce que tout se passe comme dans nos meilleures prévisions, il y aura toujours une part que nous ne maîtrisons pas. C’est d’ailleurs ce qui fait le mystère et la magie de cette aventure.
Il est évident que si l’on s’apprête à enfanter, il peut être utile de se préparer. De quelle manière? Cela dépend de chaque personne, de son attrait par exemple pour le yoga, l’hypnose, l’eau, la méditation, … Il n’y a pas de meilleure façon de faire, il y a celle qui vous correspond le mieux, à ce moment là dans votre vie. Il y a aujourd’hui de très nombreuses propositions, ce qui permet à chaque personne de choisir ce qui lui parle.
Et puis s’informer est aussi important, pour comprendre ce qui se passe lors de la grossesse puis l’enfantement et le postnatal. La préparation à la naissance proposée par les sage-femmes apporte un certain nombre d’éléments, et on peut à ce moment poser des questions à des professionnels de santé qui travaillent autour de la naissance. Mais ces quelques séances, parfois en groupe, ne permettent pas forcément d’aborder tous les sujets, ou les problématiques spécifiques à votre histoire.
Pourtant, c’est bien vous qui allez enfanter, et la responsabilité de préparer, de s’informer, pour pouvoir faire des choix éclairés et vivre au mieux cette expérience transformatrice qu’est l’accouchement, est la vôtre. C’est à vous d’affirmer vos choix, de demander à ce qu’ils soient respectés.
Mais pour faire respecter ses choix, il faut déjà avoir le choix, et connaître les différentes possibilités qui existent. Pour cela, vous pouvez lire des livres/blogs/articles consacrés à la périnatalité; il y a aussi des vidéos, que ce soit d’enfantement ou des préparations à la naissance comme celles de Quantik Mama ou d’Isabelle Challut (Centre Pleine Lune). Les récits d’enfantement transmis par d’autres femmes peuvent aussi être très riches et permettre de découvrir des possibles encore non envisagés. Et puis vous pouvez aussi faire appel à une doula, qui peut adapter son accompagnement à vos besoins, vos questionnements, votre projet.
Si on souhaite un accouchement physiologique, connaître son déroulement, savoir ce qui peut faciliter ou au contraire compliquer la naissance, apprendre les gestes ou positions qui soulagent, cela paraît essentiel. Mais savoir ce que l’on souhaite s’il y a un changement de programme, qu’une intervention est nécessaire, permet d’être flexible et de garder son pouvoir, d’être acteur et non de subir les événements.
Alors bien sûr on ne peut pas prévoir l’imprévisible, on peut simplement se préparer, s’informer, pour savoir ce que l’on souhaite mais aussi pour être capable de mieux s’adapter si le scénario n’est pas celui envisagé. Et c’est cette préparation qui apporte énormément, c’est ce chemin qui permet de prendre conscience de ce qui est adapté pour vous, de ce qui VOUS convient, et c’est en cela qu’il est merveilleux de le faire.
Profiter du chemin
On parle beaucoup de l’enfantement, en y mettant nombre de caractéristiques : physio/avec péridurale, à la maison/en structure hospitalière, douloureux/orgasmique, rapide/long… Et puis on en parle comme si c’était une fin en soi, un accomplissement unique qui passe par telle ou telle façon de le vivre.
Mais pour moi ça n’a pas de sens. Car comme chaque personne est unique, chaque enfantement l’est aussi. On a nos préférences, et l’enfantement qui convient à l’une ne conviendra pas à l’autre, et c’est parfait ainsi. A mes yeux il est important que les choix soient respectés, que le consentement soit demandé et éclairé, et que les parents aient le meilleur vécu possible de leur enfantement.
Et puis certes l’enfantement est un moment qui peut être magique, transcendant, puissant, et on peut avoir envie de le revivre aussitôt terminé, mais il me semble réducteur de ne parler que de cela quand on échange avec des parents. Car non seulement il y a aussi la grossesse, le postnatal, le devenir parents, mais je trouve que cela met une pression sur la « réussite » de son enfantement, comme s’il y avait une meilleure façon de faire pour être les meilleurs parents, ou si avoir tout fait seul était le graal!
C’est un peu comme si on estimait qu’il n’y a qu’un bonheur, que parce qu’on a ceci ou cela on est forcément heureux. Mais si une personne qui adore naviguer est très heureuse sur un bateau, et ne se voit pas s’en passer, peut-être que celle qui est malade en mer fera tout pour l’éviter? Pour moi il en va de même pour l’enfantement, et le ressenti, le vécu peut être aussi bon après un enfantement physiologique qu’après une césarienne. Ce qui joue, c’est surtout que l’on se sente acteur, considéré, respecté, souverain dans ses décisions.
Et puis préparer un enfantement, c’est préparer le jour J mais c’est surtout se préparer à l’après. En effet, apprendre à exprimer ses besoins, discuter en couple sur les choix que l’on veut faire, s’entraîner à affirmer ses choix et se faire respecter, c’est essentiel pour mieux naviguer la période du postnatal, où la fatigue et les nombreux questionnements peuvent nous rendre moins aptes à communiquer. C’est ce chemin là, fait pendant la grossesse ou même avant, qui va nous amener à la parentalité que l’on souhaite vivre, pas seulement l’enfantement.
Faire un projet de naissance, c’est exprimer ses souhaits pour le jour de l’enfantement mais c’est aussi préparer sa renaissance en tant que parent. C’est comprendre ce qui nous tient à cœur, prendre le temps d’échanger pour connaître le point de vue de l’autre et s’aligner, et se rendre compte de l’importance de préparer son postnatal pour qu’il soit le plus doux possible pour tous. C’est réaliser l’importance de s’informer, de se faire un avis propre sur les choses, quel que soit le sujet.
Profiter de ce chemin, de la construction de votre projet, cela permet de vivre pleinement chaque moment, de prendre conscience des étapes franchies ensemble, de prendre le temps, de simplement être là. De se rendre compte que la naissance n’est pas la fin, mais une étape sur le chemin qui se poursuit quoi qu’il arrive.
Et continuer sa route
Tout ceci est applicable pour l’enfantement, mais bien plus généralement aussi! Car souvent en ne voyant que l’objectif, on en oublie de profiter du chemin, comme lorsqu’on va en vacances et qu’on ne pense qu’à l’arrivée alors que la route peut être magnifique. Et qu’on peut choisir de prendre l’autoroute si c’est ce qui nous convient, ou bien les petites routes, selon nos besoins, nos envies, lorsqu’on connaît les tenants et aboutissants de chaque voie.
Avoir des projets, des objectifs, cela fait partie de notre vie. Mais souvent, lorsqu’on atteint un objectif ou qu’un projet se termine, on n’est plus le même qu’au début, beaucoup de choses ont changé en cours de route! En 2021 j’ai suivi la formation de doula de l’école Quantik, dans le but d’avoir les compétences pour accompagner les femmes et familles dans tous les passages de leur vie. Mais ce qui en est ressorti, c’est aussi de grandes transformations pour moi, prendre un chemin que je n’avais pas imaginé, et me sentir tellement bien!! J’ai pris un grand plaisir à faire ce chemin, si bien que c’est finalement ce qui m’a le plus marqué, et qui fait de moi une meilleure accompagnante je pense. Et puis lorsque le projet se termine, ce n’est pas forcément la fin, c’est plutôt souvent le début d’autre chose !
Pour qu’un projet aboutisse, il y a bien entendu besoin de préparation, d’efforts et d’énergie, ça ne se fait pas tout seul. C’est pour cela que s’informer pour sa grossesse, son enfantement, le postnatal et la parentalité, c’est important. Mais cela ne doit pas empêcher de vivre en conscience chaque étape, chaque petit bout de l’aventure, car ils ont autant d’importance que ce qui va arriver à la fin. Et on peut célébrer, ritualiser tous ces passages qui nous transforment le corps, le cœur et l’esprit, pour marquer et fêter chaque étape qui emmène vers la destination. La communication avec son bébé, l’écoute de l’intuition, la confiance en soi, ça se construit aussi dans ces petits moments.
De même, ceux qui vivent des difficultés de procréation désirent très fort accueillir un enfant, c’est cette destination qu’ils souhaitent atteindre et il est parfois extrêmement difficile d’attendre sans savoir quand le train qui nous y emmènera va passer, ou même s’il passera. Pour l’avoir vécu, cette attente a été une des choses que j’ai eu le plus de mal à supporter, à accepter. Quand c’est possible, et être accompagné pour cela peut être vraiment bénéfique, prendre du recul, changer d’angle pour voir le chemin parcouru et tout ce que ce parcours a apporté, peut aider à accueillir les émotions et à réaliser en quoi cela nous a fait grandir, et mieux vivre l’attente en ne se focalisant pas seulement sur ce qui n’est pas, mais en voyant ce qui est.
En se laissant emmener par le chemin, en ne cherchant pas absolument à tracer la voie qu’on avait imaginée, on dépense moins d’énergie et on peut la consacrer à autre chose. En arrêtant de lutter pour que les choses se passent de la façon dont on l’a décidé, on vit moins de frustrations, de déceptions, la fluidité est plus présente et on peut aller plus loin. En arrêtant de lutter contre le courant ou de vouloir à tout prix prendre cette vague, on devient l’eau, on se trouve soi-même.
Et le fait de prendre le temps en chemin permet aussi de se rendre compte des nuances, des subtilités, des variations, que tout n’est pas noir ou blanc mais qu’il y a une palette infinie de couleurs, et qu’on peut créer sur sa toile blanche le dessin que l’on veut. Il n’y a pas que des choses opposées, contraires, ce n’est pas parce qu’on n’est pas pour qu’on est contre, on peut aussi juste être avec ce qui vient.
On peut continuer ainsi pour de nombreuses situations dans notre vie, dans une société où la compétition et la comparaison sont omniprésentes, et où ce qu’on a à montrer est primordial. Mais ce qu’on ne voit pas, chaque petit pas qui nous emmène un peu plus loin, mérite notre attention et notre gratitude pour ce qu’il apporte dans notre vie. Parce que les plus grands changements ne sont pas forcément les plus spectaculaires, et qu’il vaut mieux faire plein de petits pas pour arriver à destination plutôt que ne jamais arriver parce qu’on s’est perdu en cours de route. Et peut être même qu’on ira ailleurs finalement, et c’est parfait ainsi !
Le chemin permet de collecter des ressources (humaines, informatives ou intérieures) qui aideront à atteindre son but en faisant face aux imprévus et difficultés, et au moment d’atteindre l’objectif, à être rassuré, serein, et en pleine conscience de son pouvoir intérieur que chaque personne a en soi <3
Et toi, qu’as tu retenu du chemin parcouru? As tu pu trouver les ressources pour t’aider à faire face aux aléas? As tu rencontré ton pouvoir intérieur?