Il y a plusieurs définitions du choix : action de choisir quelque chose, quelqu’un, de le prendre de préférence aux autres, et résultat de cette action ; pouvoir, possibilité de choisir ; ensemble de choses, d’éléments, parmi lesquels on peut choisir. On comprend en les lisant que pour faire un choix, il faut déjà connaître les différentes possibilités, et avoir les éléments pour chacune qui permet de choisir.
Le choix éclairé
Tout au long de notre vie, nous sommes amenés à faire des choix : quelle activité extrascolaire, quelles études, quel métier, quelle vie on veut. Dans ces moments, on essaye de considérer toutes les options afin de faire le choix qui nous conviendra le mieux. On peut être aidé en cela par nos parents, des conseillers d’orientation, des coach… Mais c’est à nous que revient le choix, car personne ne peut savoir à notre place ce qui est le mieux pour nous. C’est pour cela qu’il nous revient aussi de faire des recherches, de se renseigner, pour connaître tous les possibles.
Le choix éclairé, c’est lorsqu’on connaît toutes les possibilités, dans les détails, les bénéfices et les risques de chaque option, et qu’on peut alors faire son choix en pleine conscience, pas parce qu’on manque d’information ou qu’on ne connaît même pas certaines possibilités. Lorsqu’on connaît les possibilités et leurs enjeux, qu’on est averti de ce qui peut se passer dans un cas ou dans l’autre, on peut réellement choisir en pleine conscience.
Un des principes derrière le choix éclairé est que c’est seulement la personne elle-même qui comprend et peut évaluer l’impact positif ou négatif des choix qu’elle va faire sur son corps, sa santé mentale, sa relation avec elle-même, son couple, sa communauté, sa vie financière, son travail. Et c’est seulement elle qui vivra avec le résultat des choix qu’on va prendre pour elle ou qu’elle va prendre pour elle-même, pas le médecin la sage-femme ou la doula !
Pour pouvoir faire un choix éclairé, on peut trouver l’information par soi-même, demander à des personnes qui connaissent bien le sujet, trouver plusieurs sources pour augmenter ses chances d’avoir accès à tous les possibles et à un éclairage sur chacun. C’est intéressant d’avoir accès à des ressources, que cela soit des personnes proches, des professionnels, des écrits… On a ainsi les outils à notre disposition, et on peut choisir lesquels utiliser.
Lorsqu’on parle des femmes, les choix concernent aussi les cycles, la sexualité, la contraception, être mère ou non et de quelle façon, et tous les choix autour de la périnatalité. Les informations pour faire ces choix de manière éclairée peuvent être transmises dans la famille, par des amies, un partenaire, des professionnels de santé, une doula…
Lors de mes accompagnements, mon but est de vous permettre à chaque étape de faire vos choix en étant avertis, éclairés, que vous puissiez les faire en conscience, en allant vers ce qui vous convient le mieux. Pour moi, faire des choix éclairés permet d’être acteur dans sa vie et non de subir, de reprendre son pouvoir et d’avoir une plus grande confiance en soi, en ses intuitions, de mieux se connaître. C’est aussi comme cela qu’on n’a pas de regret par la suite, en se disant qu’on n’aurait pas choisi cette option si on en avait connu les risques ou si on avait su qu’il y avait d’autres possibilités. Il n’y a pas de bon choix, il y a votre choix, à ce moment là, de ce qui est le plus juste pour vous. Pas besoin de comparer, une autre personne ferait sûrement un autre choix, et même vous à un autre moment de votre vie.
Par exemple, lorsqu’une personne souhaite une contraception, on lui propose souvent des options hormonales : pilule, patch, stérilet… Mais il est rarement évoqué la possibilité d’utiliser la symptothermie. Pourquoi ? Parce que cela semble contraignant, moins fiable ? Pourtant ce n’est pas à la personne qui donne l’information d’en juger, mais à celle qui la reçoit. En effet, si une personne est prête à prendre les risques au vu des bénéfices qu’elle en retire, qui pourrait juger mieux qu’elle si c’est l’option à choisir ? Et puis lorsqu’on utilise une contraception hormonale, il n’est pas non plus toujours évoqué les risques : prise de poids, libido en berne, risque vasculaire, grossesse non désirée (eh oui, pas de méthode fiable à 100%)… Alors pour que le choix soit éclairé, il faudrait donner toutes les options, avec avantages et inconvénients de chacune.
De même, en ce qui concerne l’accouchement, le fait qu’il y ait un choix sur le lieu de naissance n’est pas toujours abordé. Et du coup, comment accoucher à domicile si vous ne savez même pas que c’est possible ? Il y a encore des personnes à qui l’on dit que c’est illégal et dangereux… Mais ce n’est pas du tout un choix, et encore moins éclairé si on en parle de cette façon ! Les personnes qui vont enfanter devraient savoir qu’elles peuvent accoucher en maternité, en maison de naissance, chez elles avec une sage-femme ou sans. Et pour chaque option, on pourrait détailler les bénéfices et les risques, donner toutes les informations pour que la personne ressente quelle est le meilleur choix pour elle.
Et au delà de l’éclairage du choix, il y a aussi la possibilité de choisir librement.
Un choix éclairé… et libre !
Avoir toutes les options, c’est déjà un pas vers le choix qui nous convient le mieux. Mais lorsque la personne qui informe a un avis sur l’une ou l’autre des options, et le donne en insistant sur les avantages de celles-ci ou les risques d’une autre, le choix n’est plus libre ! Car la personne qui reçoit l’information va percevoir une pression, une contrainte, pour faire un choix dans le sens de ce qui convient à l’autre, et du coup s’éloigne de ses propres besoins.
Avoir la liberté de choix, c’est se voir exposer toutes les possibilités, et les bénéfices et les risques objectifs de chacune. C’est comme si par exemple vous vous trouvez à un carrefour, et que deux routes se présentent à vous pour aller au même endroit. Si je dis « à gauche, la route fait 10km, elle est très fréquentée, en pente douce et ombragée ; à droite la route fait 2km, il y a peu de passage, ça monte très raide et c’est en plein soleil », chaque personne va choisir selon sa perception et les outils qu’elle a : de bonnes chaussures pour marcher, une casquette, l’envie d’être seule ou de voir du monde… Mais si je dis « à gauche c’est magnifique, la marche est tranquille et vous serez accompagnée ; à droite vous n’y arriverez pas, ça monte trop dur, c’est dangereux et vous êtes seule », je pense que même les mieux équipés, qui ont envie de solitude et qui sont très sportifs, vont réfléchir à deux fois avant de se lancer à droite…
Lorsqu’on réalise des tests de dépistage pour la trisomie 21, avec l’échographie du premier trimestre et une prise de sang, il est rarement explicité que ce n’est pas un test diagnostique mais un test de dépistage, donc que même si le pourcentage revient en faveur d’un nombre normal de chromosomes, ce n’est pas garanti ! On peut avoir un test normal et mettre au monde un enfant porteur de trisomie 21. C’est ce qui devrait être expliqué aux parents, parce qu’en fait là il n’y a aucune liberté de choix, en général on ne sait même pas que le dépistage n’est pas obligatoire.
C’est la même chose quand on oppose accouchement avec et sans péridurale, en disant que dans un cas on enlève la douleur et dans l’autre non. C’est tellement réducteur, et ça ne prend pas en compte que la péridurale ne fonctionne pas toujours ou pas complètement, que certaines femmes qui accouchent sans ne ressentent pas de douleur, ni qu’il y a bien d’autres effets de la péridurale que l’analgésie.
Tous les choix où l’on ressent une pression, où la personne qui informe entoure l’un des choix de peurs (qui sont souvent les siennes), n’est pas un choix libre. Que ce soit autour de la grossesse (faire du sport, manger telle ou telle chose, continuer à travailler…), de l’accouchement (choix du lieu de naissance, péridurale ou non..), ou du postnatal (allaitement, cododo, reprise du travail…) il y a beaucoup de gens qui donnent leur avis, étayé ou non, sur ce qu’il conviendrait de faire. Mais seule la personne concernée est à même de faire le meilleur choix pour elle-même, et c’est elle qui vit avec les conséquences de ces choix ! Il est important de laisser le choix à chacun, de donner les informations sans jugement, sans parti pris, le plus objectivement possible, et la personne pourra ensuite décider et assumer ses choix.
Il est certain que lorsqu’on reprend le pouvoir sur ses choix, il vient avec la responsabilité de ce que ce choix amène, et que parfois on peut préférer laisser d’autres faire les choix à notre place, parce que choisir c’est renoncer, parce que c’est plus facile à ce moment là, parce qu’on ne sait pas quoi faire. Et pas de souci si c’est ce qui est juste pour vous et que vous en êtes conscients, que ce n’est pas subi et mal vécu. Le fait d’être acteur permet de prendre confiance en soi, de prendre conscience de ses besoins et envies propres, et de faire respecter nos limites.
Lorsqu’on a eu la possibilité de faire un choix libre et éclairé, on peut alors donner son consentement, ou non.
Le consentement éclairé
Le consentement est le fait de donner son accord à une action, à un projet.
Un consentement éclairé peut seulement venir après avoir eu l’opportunité de faire un choix libre et éclairé. En effet, on ne peut consentir que si on est libre ! Si on accepte parce qu’on nous a présenté seulement une partie des options, parce que les informations sont partielles ou que l’on nous fait peur (« si vous ne prenez pas la péridurale maintenant, il ne faudra pas vous plaindre d’avoir mal », « il vaudrait mieux faire ça, autrement votre bébé pourrait mourir »), alors ce n’est pas du consentement.
Le consentement éclairé nécessite une compréhension de la situation, des enjeux, et une autonomie dans la décision, qui sont apportées par le fait d’offrir un choix libre et éclairé. Cela s’applique dans tous les domaines, et bien qu’il y ait des situations d’urgence médicale qui nécessitent une prise de décision et des actions immédiates, ces scénarios pourraient être mieux vécus si les personnes étaient informées tout au long du processus et conscientes des enjeux.
Souvent on a l’impression de donner son consentement alors que les informations en notre possession ne le permettent pas, et lorsque l’on s’en rend compte par la suite cela peut vraiment engendrer de la frustration, de la déception, de la colère, et que le vécu soit moins bon alors que peut être, bien informé et éclairé, le choix aurait été le même mais il aurait pu être fait en pleine possession de ses moyens, et le consentement donné en conscience.
Une loi datant de 2002, la loi Kouchner, est relative aux droits des patients. Elle prévoit que le patient doit avoir un consentement libre et éclairé des actes et traitements qui lui seront proposés. Les professionnels de santé ont un devoir d’information, qui peut mettre leur responsabilité en jeu si tel n’a pas été le cas. Le patient a le droit de connaître les différentes options proposées, leur nécessité ou urgence éventuelle, leurs conséquences directes et celles en cas de refus, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles, les alternatives.
Pour être à même de faire des choix éclairés, et de savoir quelles questions poser aux différents intervenants, il existe un outil intéressant : le BRAIN.
Cet acronyme désigne plusieurs choses à prendre en compte pour faire son choix.
B pour bénéfices : quels sont les bénéfices de cette option ?
R pour risques : quels sont les risques si je choisis cela ?
A pour alternatives : y a-t-il d’autres possibilités ? Si oui lesquelles ?
I pour intuition : qu’est ce que je ressens en pensant à cette option ?
N pour nothing : qu’est ce qui se passe si l’on ne fait rien ?
Utiliser cet outil aide à faire un choix libre et éclairé.
Une fois toutes les informations données, la personne peut faire son choix immédiatement ou avoir besoin de temps pour étudier les différentes options, et savoir si elle va ou non donner son consentement. Il ne devrait pas y avoir de pression ni sur l’option à prendre, ni sur le délai pour donner son consentement en dehors des situations d’urgence vitale.
En tant que doula, je souhaite vous accompagner en écoutant vos besoins, vos envies, mais aussi en vous apportant des informations sur le champ des possibles et que vous puissiez être pleinement acteurs dans cette aventure, autonomes et conscients, pour que les choix que vous ferez soient ceux qui vous correspondent le mieux.
Et toi, connaissais tu la notion de choix libre et éclairé ? De consentement éclairé ? Sais tu vers quelles ressources te tournes ? As tu eu l’impression d’avoir eu accès aux informations, et d’avoir eu la liberté de tes choix ? Y a-t-il un sujet sur lequel tu souhaites t’informer avant de faire ton choix ?